Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/163

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tu passeras pour lâche… et si tu ripostes tu seras roulé.

L’homme. — Assez ! Donnez-moi des rentes, c’est le point capital.

L’ange. — Non ! c’est seulement l’intérêt. Si tu as des rentes, tu auras envie de les dépenser. Si tu les dépenses mal, tu auras des remords. Si tu es avare, ce ne sera pas la peine d’en avoir. Si tu gères toi-même ta fortune, tu la risqueras sur un coup de bourse. Si tu la fais gérer, tes banquiers lèveront le pied. Si tu la confies à tes parents, ils voudront te faire épouser une héritière impossible et tu te brouilleras avec eux.

L’homme. — Faites-moi pauvre.

L’ange. — Si tu es pauvre, tu envieras les riches. Si tu les envies, tu travailleras pour les égaler. Si tu travailles, tu voudras te reposer le dimanche. Si tu te reposes le dimanche, tu te griseras et tu deviendras fainéant. Si tu deviens, fainéant, tu deviendras communard, et si tu es communard