Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/51

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Souvent, aussi, extasiés devant ce pays, nous le voyons tout à coup reculer, se fondre, s’évanouir. Il nous fuit, nous abandonne, et pour une raison qui ne nous sera jamais donnée, car, sans doute, elle est trop effrayante, nous devinons que nous ne l’atteindrons pas, que cette terre promise nous sera éternellement dérobée.

Et voici ce que je veux raconter bien sincèrement, au sujet d’un de ces pays de chimères, que j’ai bien réellement trouvé sur ma route :

C’était en Franche-Comté, en visitant par une belle journée de soleil une grande propriété triste située vers le village de Roquemont, dans le petit hameau de Suse. Nous avions gravi le sommet d’une colline qu’on dénommait aux environs la Dent de l’Ours, à cause de sa bizarre échancrure, et nous demeurions tous les trois étendus sur une herbe rousse qui sentait la chevelure brûlée. La