Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/150

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asseyez-vous là, sur mon lit, un endroit presque propre, et ôtez votre voilette que je voie vos prunelles de saphir. C’est ainsi, n’est-ce pas, que s’exprime le Journal des Demoiselles ? Et, de grâce, ne vous gênez pas pour mentir à votre aise. Décidément, vous mentez toujours.

Très inquiète de cette réception, elle balbutia : — Je… je n’aurais pas dû venir…

— Surtout venir en passant. On ne passe pas chez moi. Si on y tombe, on y reste. Ma cabane n’est pas le but d’une promenade de flâneur. Et Monsieur votre père, comment se porte-t-il ?

— Papa est à la maison, s’empressa-t-elle de répondre, et il me charge…

— Assez ! coupa net le jeune homme dont les mâchoires eurent un zig-zag nerveux. Venez, si c’est votre plaisir ou le mien, mais ne me racontez pas le Petit Poucet. Monsieur votre père, je l’ai vu ce matin qui prenait le Decauville.

Marguerite se leva.

— Vous êtes bien méchant ! fit-elle, la voix tremblante.

— J’essaye de vous faire peur. N’est-ce pas cela que vous veniez chercher, en passant ? Non ! Non ! Ne vous en allez pas si vite. Moi, le mons-