Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout était factice, et on ne voulait contracter aucune dette envers le ciel.

L’homme, après une heure d’attention, comprit enfin qu’il s’agissait du canon ! Derrière lui et derrière la forêt il y avait une école d’artillerie ; après les champs de légumes monstres, le champ de tir où fleurissaient les obus de gros calibre imitant l’éclatement de gros melons trop mûrs au soleil de l’industrie moderne.

— C’est complet ! songea l’homme. Des soldats, maintenant ? Quel paradis !

De très mauvaise humeur, il se leva, fit craquer ses membres et sortit résolument de sa tanière.

Il était grand, très maigre, de teint bistré et d’allures violentes tout à fait étrangères au pays. Loup sortant du bois. Ses prunelles, bleues à force d’être noires, jetaient du phosphore. Il représentait bien la bête enragée qui se lève, dans l’homme pauvre, les jours de disette, et le carnassier, en lui, devait avoir des goûts d’homme moins raisonnable que ceux de la bête, car, n’ayant plus faim, il allait à la conquête de choses beaucoup moins nécessaires que la dépouille d’un oiseau.

— Il faut déterminer ma situation ou je ne