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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/102

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— Marianeau, des perles, des fourrures, un bel hôtel, bien chauffé, une maison de campagne, le château, la voiture et les voyages… Oh ! si j’étais à ta place, Marie, je me vendrais sans amour, rien que pour le plaisir de posséder tout ça !

— Et de le partager avec toi, bien entendu ?

Il leva la tête et un éclair de haine assombrit ses yeux bleus jusqu’à les rendre noirs.

— Non ! ma Grande ! Il y a quelque chose de changé ! car, hier, dans ce bal, quand je l’ai vu penché sur ton épaule et te parlant à l’oreille, celui qui avait envie de tuer l’autre, ce n’était peut-être pas lui. Ah ! il a bien de la chance, lui, d’être fort et d’oser tordre les bras des femmes ! On ne peut en venir à bout… que comme ça… et après, elles vous aiment, c’est couru !

Marie Faneau se leva, toute frémissante. Elle appela sa chienne, lovée près du feu.

— Vite, Fanette ! Au lit ! Nous nous réchaufferons en faisant de beaux rêves : des perles, des fourrures, des châteaux en Espagne… ou en Bretagne. (Elle prit à deux mains le front de son frère, dans un élan maternel.) Toi, mon Mimi, je te jure que tu ne me quitteras jamais. Seulement, il faut veiller sur tes imaginations.