Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/107

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sortir de chez moi pour n’y plus revenir. Je vous méprise tout autant que je vous aime, voilà…

Marie Faneau, droite, dans une longue blouse de soie noire, à peine échancrée au col, son beau chignon roux croulant sur sa nuque, paraissait grande, dressée dans une colère sauvage qui donnait à ses prunelles grises des reflets de feu vert, d’un phosphore que distillait depuis longtemps une corruption cérébrale gagnée au contact de l’autre. On n’aime jamais impunément dans le vide ! Elle avait la splendeur enragée d’une créature prête à mordre.

Yves de Pontcroix bondit sur elle et la fit prisonnière.

— Voulez-vous être ma femme ? Il est impossible que vous n’arriviez pas à me comprendre, si vous m’aimez vraiment.

— Non ! Non ! Je refuse ! Lâchez-moi ou j’appelle.

— Je vous jure, Marie, que je vous respecte et que ce n’est pas comme vous vous offrez que je vous veux. Vous méritez autre chose… vous méritez que je vous rende en honneur et hommages le sacrifice que vous me ferez en m’épousant. Voulez-vous m’écouter à votre tour ? Et