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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/108

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tâchez de ne pas avoir peur, vous qui êtes si franche et si généreuse ? Je ne vous prendrai pas en traître, non, je vous estime trop, maintenant, pour le tenter. Je vous veux consentante, Marie. En devenant mienne, ma femme légitime, comme je l’entends, désormais, vous ne risquez que la mort… Acceptez-vous ?

Elle eut un étourdissement. Les mains prises en arrière et serrées à lui rompre les poignets, elle se tenait encore debout par un miracle de sa volonté. Elle ne s’abattrait pas sur cette poitrine où ne vibrait plus rien. Cet homme n’avait donc pas de cœur qu’il remplaçait le mot amour par le mot mort ?

Elle haletait, sans une plainte. Quelle maladie affreuse, quelle infirmité rejetaient donc ce terrible personnage, jeune, élégant, de gestes si souples, de muscles si forts, en dehors de l’humanité normale ?

— Et que m’importe ? bégaya-t-elle saisie d’une pitié qui n’était que l’autre forme de sa passion. Malade, je vous aurais soigné. J’étais prête à me dévouer tout entière, et pour la vie, à votre sort… mais, vous mentez trop bien ! Et puis, je me refuse au mariage… parce que j’ai eu un amant !… Oh ! ne m’étranglez pas !…