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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/133

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— … qui faisait la noce à la cour ! interjeta Michel.

— …le mari jaloux faisait surveiller la femme légitime, l’élue entre toutes, qui doit être respectée de tous, y compris d’un mari noceur, et que rien n’est plus simple comme de prendre certaine précaution.

— Cela s’appelle, aujourd’hui, préméditation.

— Michel, gronda doucement Marie, ne m’empêche pas d’écouter. Tu es fatigant… et ces Messieurs vont te supposer un peu moins que l’âge de raison.

— Donc, chaque soir, le pont-levis était relevé, la tour laissée sans aucune communication avec le reste du château ; mais le page avait trouvé ingénieux de tendre une corde que la belle lui lançait et qu’il attachait au barreau d’une meurtrière. Se suspendant par les mains, il cheminait dans les airs… jusqu’au paradis de ses rêves. Un soir, quelqu’un coupa la corde, le page s’abattit en tournoyant comme un grand oiseau, les bras étendus, se fracassa la tête dans les douves et on ne rabattit plus jamais le pont-levis. Quant à ce qui se passa dans la chambre de la marquise…

— Nul ne l’a jamais su, ponctua funèbrement