Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/134

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le vieux notaire en se frottant les mains. Je pense pouvoir affirmer que cela se peut situer vers l’année 1631 !

— Je vous demande pardon, maître Mahaut, répliqua ironiquement Yves de Pontcroix, j’ai la prétention de le savoir, moi, je sais que l’histoire s’arrête là et que la légende commence. Il est convenu qu’on entend, aux minuits de certaines fêtes anniversaires, des gémissements qui évoquent assez le cri d’un grand duc, à moins que ce ne puisse être le contraire et qu’une humble chouette ne profère ces cris mystérieux en chassant la souris dans les combles de la tour. Mais voici ce qui se passa chez la marquise. Une nuit, comme elle ressentait les premières douleurs de la faim, qui sont des hallucinations, elle s’imagina qu’une ombre s’agitait devant le vitrail d’une ogive. Un grand oiseau tournoyait, remontant des douves, non pas le freux dont M. Michel nous parlait tout à l’heure, mais un animal plus fort, plus redoutable, à la tête presque humaine, un oiseau de proie, un carnassier qui a des dents, au bec en forme de lèvre et qui aspire, celui que les Fakirs de l’Inde appellent l’endormeur, l’envoûteur, et auquel ils attribuent une singulière