Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/22

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déclare la brave femme à peine dégrossie, ayant plutôt conduit les oies sur les pentes du Morvan que les chiens de luxe sur les trottoirs parisiens.

Le modèle consent à sourire, malgré lui, et la paysanne le regarde, familière :

— Oui, monsieur, ce chien-là me donne des sueurs, chaque fois que je le mène. S’il y passait, dessous… Mademoiselle me réglerait mon compte et ce n’est pas un sort de trembler pour sa peau à cause de celle d’un animal aussi enragé que ce chien-là !

— Une lampe, Ermance. Allumez vite, nous sommes dans l’obscurité.

Quand elle est sortie, Marie Faneau laisse le chien grimper sur ses genoux et elle s’excuse :

— C’est une simple, Ermance, presque une innocente de son village et il est impossible de la styler. Seulement, comme elle est très honnête…

Il examine l’atelier, en fait le tour, découvrant peu à peu des meubles intéressants, tout le bric-à-brac de rigueur, avec, cependant, le minimum d’ostentation, c’est-à-dire de mise au point. Il y a un tapis de Smyrne lie de vin de toute beauté, quoique copieusement taché par la peinture, la poussière de pastel, et sur-