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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/23

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tout la boue du dehors. Des fleurs de la saison, chrysanthèmes et grandes fougères. Puis, dans un fond encadré par une grande verrière sertie de plomb, un vrai vitrail d’église où, mystérieusement, s’endorment des anges, parce que c’est le soir et qu’ils ont des ailes comme les oiseaux.

Tout est calme, loin du bruit boulevardier, des salons brillants de cette aveuglante lumière électrique qui aura le dernier mot de la cérébralité humaine.

— C’est pour quoi faire, votre portrait, monsieur ? questionne Marie Faneau, que le silence finit par intimider, maintenant qu’une lampe est entre eux.

Il s’est rassis dans le fauteuil jaune, le front sur sa main longue où scintille une chevalière de pierre noire, gravée, sertie de platine.

— Pour illustrer… pardon de l’expression, mais il ne s’agit que de vous, mademoiselle, un petit volume de souvenirs de guerre. Quant à moi, je trouve cela bien ridicule. Nous étions trois dans un fortin qui a sauté en 1914, et, sur les trois, inévitablement, il y avait un écrivain ou quelqu’un se supposant tel. Alors, il a réuni d’assez tristes anecdotes et m’a demandé mon