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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/230

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derrière le corbillard intensément fleuri, remplaçant toute la famille absente, puisque la sœur, cette sauvage, se sentait incapable de se donner en spectacle. S’il était vivant, lui, ou paraissait tel, ce n’était tout de même pas sa faute. Il faisait bien les choses, en tous les cas, et considérait déjà ce pauvre Michel comme son propre frère, puisqu’il conduisait le deuil. Le bruit courait qu’il s’était battu pour lui, le plus fort protégeant le plus faible, sous tous les rapports !

Ce qu’il avait surtout merveilleusement conduit, c’était l’effroyable mystification de son crime, qu’on pouvait étudier à la loupe sans que le plus minime détail révélât une imprudence, un illogisme, car, si le malheureux garçon avait survécu, estropié ou râlant, il n’aurait pu arguer, que d’un pressentiment, tout au plus d’une étonnante présence d’esprit de son conducteur ayant quitté le volant, ou sauté, à propos.

Il ne profitait même pas du chagrin maladif de sa fiancée pour essayer des consolations intempestives.

Non, rien ne semblait accuser le fiancé.

Il resta un mois comme accablé, lui aussi,