Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/247

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médecin par l’épaule, descendit pour regagner son coupé, sans insister davantage.

Marie Faneau consentit à sortir un peu avec le médecin qu’on lui envoyait pour la conduire au Bois. Ce garçon respectueux, toujours calme, conservant toutes les élégances de manières des mondains qu’il soignait, assez agréable de sa personne et dans sa conversation, quand il dissimulait le scientifique, ne lui déplaisait pas et elle pouvait parler avec lui de son chagrin ou de son amour. Ce qu’il avait à lui dire, de son côté, semblait si difficile à énoncer qu’il reculait le plus possible le moment de cette confidence. Il savait que cette amoureuse demeurait une vertueuse et il se doutait que tout ce qui passerait par sa bouche à lui n’aurait pas la puissance d’enchantement de celui qui évoquait si bien les légendes bretonnes.

Quelle ne fut pas sa stupéfaction de l’entendre, un matin, elle la réservée, la très forte, lui demander :

— Monsieur Duhat, je dois me marier dans quinze jours. Nous serons à Pontcroix le soir même de nos noces. Oserai-je vous prier, puisque vous êtes notre médecin et notre ami, de vouloir bien nous accompagner jusqu’à notre maison,