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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/272

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Il essayait de plaisanter de son irritante façon, très courtoise et très cruelle parce qu’elle dénotait une maîtrise au moins singulière de son tempérament passionné. Il faisait ce qu’il voulait de sa force et n’en était dominé que dans certaines occasions, heureusement très rares :

Marie répondit, d’une voix à peine distincte :

— C’est nerveux. Je ne sais plus pourquoi j’ai peur. Je vous en fais mes excuses, monsieur, car je devrais pouvoir mieux vous remercier.

Il eut son habituel rire sourd.

— Monsieur ? Eh bien, madame, il va falloir que je vous fasse la cour, puisque nous ne nous reconnaissons plus !

Il jouait avec sa main et lui ôta son alliance qu’il mit à son petit doigt. Puis il gronda, entre ses dents :

— Comme leur amour, leur sale amour détruit toute la confiance et fait perdre la notion de l’absolu aux pauvres créatures qui en furent les victimes ! Marie, vous souvenez-vous que je vous ai dit un jour : Je vous aurai consentante… ou je vous tuerai ?

— Vous me tuerez, Yves, je n’implore plus que cette dernière grâce de votre part.