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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/279

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laquelle je tiens beaucoup. Une lettre. Je l’avais cachée là, justement, parce que, connaissant votre effroyable jalousie, je ne pensais pas que vous pourriez la trouver… puisque vous me laissiez… la liberté de ma personne.

— Une lettre ? Tu as caché une lettre d’amour dans ton corsage, toi ? Ce n’est pas vrai ou tu veux me rendre fou !

— Regardez vous-même.

Elle s’approcha de la petite lampe d’albâtre et, lentement, chastement, les yeux rivés à ses yeux, le tenant encore sous le magnétisme de la femme qui sacrifie même sa vie à sa volonté, elle lui désigna, collée à sa chair par la moiteur de la fièvre, un frêle morceau de papier, pas une lettre, un lambeau de lettre, certainement.

Yves de Pontcroix se rua sur elle, prêt à mettre en pièces la femme avec la lettre.

— Lisez ! ordonna-t-elle en rattachant son corsage.

Il plaça sous la lampe ce lambeau de papier, le lissa, de son index rageur, le déchiffra, recula, puis répéta, d’un ton guttural comme le cri d’une bête blessée :

« Marianeau, il va me tuer ! »

— C’est l’écriture de mon frère. Vous la connaissez.