Aller au contenu

Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tueusement épris, tentant la trop audacieuse déclaration, des femmes excentriques, de ces détraquées, osant jouer le rôle romanesque de Méphisto ?

Cela troublait profondément la jeune femme. Qui ? On ne pouvait pas certifier que ce fût lui et s’il s’était procuré, si c’était lui, toute latitude pour mentir.

En décembre, Marie et Michel furent invités à la grande soirée annuelle que Gompel, le marchand de tableaux très en renom, donnait dans sa galerie des boulevards. Il était de tradition, pour le frère et la sœur, d’y aller, parce que c’était, en quelque sorte, une obligation d’atelier. On recevait là un peu de tout : les peintres, les dessinateurs, les graveurs, des gens de lettres, des gens du monde, des critiques d’art hirsutes et des princesses très coiffées de couronnes authentiques, quoique toujours prêtes à les lancer par-dessus les moulins. Gompel, un gros père pansu, mettait la plus affectueuse ostentation à y produire Marie Faneau, car c’était une bonne marque de sa maison, une belle artiste doublée d’une jolie femme.

Ce soir-là, Marie, si simple, daignait s’habiller. Michel emplissait sa chambre de ses exclamations