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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/62

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de rapin que le morceau enthousiasme, très fier, lui aussi, de servir de chaperon à cette fille raisonnable qui n’en avait nul besoin.

— Ce que tu peux être étonnante en hortensia bleu ! Tous ces tons dégradés, du rose à l’azur, te donnent l’air d’une fleur pâlissant à l’endroit du cœur. Ah ! que j’aimerais des perles pour mouiller ta gorge au lieu de ce pendentif de corail blanc, un peu jeunet.

— Tu as raison, fit-elle froidement. Je vais l’enlever. Il fait trop petite pensionnaire et je n’aime pas ça.

Elle ôta le pendentif, mais elle ne mit point les perles, qui restèrent à se morfondre dans l’armoire à trois glaces où se reflétaient trois dames en bleu.

Sa robe, brodée de nacre, imitait un ciel du matin, légèrement rosée pour le soleil qui vient et plus profondément azurée pour la nuit qui s’en va. Une touffe d’hortensias roses et bleus agrafaient l’écharpe blanche, un nuage barrant la taille, très basse. Aucun bijou. La tête, rousse, coiffée de ses seuls cheveux roux, éclatait, là-dessus, comme un objet d’art, d’albâtre et d’or pur, un buste polychromé. Mais le pli boudeur de la bouche la montrait hostile à toute idée de plaire.