Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/66

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réglementaire et s’en alla, de groupe en groupe disant, très haut :

— Hein ! Quel contraste ! Ils sont à peindre, le Greuze et le Delacroix ! Sans compter que cela forme tout de même un beau couple.

Marie Faneau appuyait sa main gantée sur le bras de cet homme, en tremblant, malgré sa résolution d’oublier qu’il brisait celui d’une femme à l’occasion. Elle avait décidé de lui donner une leçon et elle la lui donnerait coûte que coûte. Mais comment était-il libre ? Était-ce bien le même individu ?… Elle respirait si difficilement qu’il ne pouvait point ne pas s’apercevoir de son malaise.

— Je continue à vous faire peur ? dit-il de son ton froid, très calme, comme résigné.

— Oui, répondit-elle laconiquement.

Marie Faneau n’avait aucune expérience mondaine et les puérils manèges des coquettes lui répugnaient.

Ayant gravi lentement l’escalier encombré de flirts, au lieu de la conduire vers le bal, d’où leur parvenait une musique des plus américaines, il l’amena dans une petite salle où se trouvaient exposées les plus belles toiles du maître de la maison, un prétendu Raphaël et un