Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa figure d’ange illuminée par une vision guerrière, frappa du poing au mur de la recluse :

— Des gens d’armes, des chevaux ! Entends-tu, ma sœur ? L’abbesse Leubovère à ta place !

Elle avait presque crié cela de sa voix claire, aux éclats de buccin d’argent.

La recluse ne répondit pas. Elle dormait peut-être. Non. Sa prière se poursuivait, plus basse, plus profonde, comme aux entrailles de la terre.

Harog s’éblouit du grand lis qui s’épanouissait pour lui, cette merveilleuse nuit de printemps. Il répliqua, pressant les souples poignets de la jeune fille.

— Nous donnerions la volée à toutes les colombes du colombier de Radegunde. J’en fais serment et que la Sainte-Croix nous pardonne, mais je te garderais pour ma cage, si tu avais, un soir, le désir de roucouler la chanson d’amour. Il y a bien des années que j’attends ! Je ne suis plus le petit berger. Je suis Harog, le tueur de loup…

— Et moi, je suis toujours Basine, fille de Chilpéric, roi régnant ! interrompit-elle irritée. Est-ce que tu l’oublies, petit coureur de forêts ! À tes chiens ! À tes chiens ! N’as-tu pas honte ?

Elle frappait de nouveau sur le mur, saisie d’une soudaine colère d’enfant. Ce n’était pas la princesse