Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/101

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la pauvre esclave incapable d’aller au delà des limites de ses agissements coutumiers.

Des choses troublantes se passaient dans son couvent, que ne comprendrait guère ce petit traqueur de bêtes. Outre les mystères de la vraie religion, elle connaissait ceux du paganisme, car le monastère chrétien, bâti sur les fondations d’une forteresse romaine, recelait d’étranges trésors dont l’abbesse Leubovère, elle-même peu encline aux études profanes ignorait la provenance. C’est pour toutes ces raisons que Basine riait souvent d’un rire bizarre et qu’elle ne redoutait rien, ni ses supérieures ni les hardiesses de l’amour.

— La liberté, murmurait-elle ? Pour moi et aussi pour ma cousine Chrodielde à qui j’ai promis alliance ? Aussi pour Marconèfe, Helsuinthe, Famerolphe. Je ne peux pas oublier que Nanthilde m’a guérie de la fièvre et je voudrais m’attacher Visigarde, la tourière, dont les épaules sont rongées d’une lèpre causée par les suintements de sa cellule. Aussi pour la petite Isia, qui est novice et pleure à tous les offices, car ses genoux sont tendres… Ah ! berger ! Quel troupeau tu aurais à défendre contre les loups ! Il nous faudrait des gens d’armes, beaucoup de gens d’armes, de chevaux…

Elle se leva, toute brûlante d’un feu intérieur,