Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/104

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coupant des orties sous le chemin de ronde a trouvé un parchemin lié d’un galon d’or ? Il ne peut pas plus lire le latin que moi, Ragna, mais il sait bien qu’il n’y a qu’une fille de chef ici. Chrodielde, nous ne la connaissons pas. Notre évêque, le seigneur Marovée, prétend qu’elle est ta cousine, c’est possible. Nous ne connaissons que toi et nous ne servirons que toi. À qui veux-tu donc faire la guerre ? (Il ajouta plus bas, dans un rauque sanglot.) La guerre ? Les soldats ? Te souviens-tu des soldats de ton père, Basine ? De celui-là même que tu as marqué d’une morsure au cou ? Ah ! Si tu veux des gens d’armes et des chevaux pour l’aller tuer… ce n’est pas la peine, j’y suffirai bien !

La jeune fille regardait fixement la lune. Miracle ! Les tueurs de loups pouvaient pleurer. Elle éclata d’un rire strident car, elle, ne pouvait plus que rire.

— La guerre… c’est l’amour, Harog ! Je voudrais voir couler du sang le long des murs, des ruisseaux de sang. Et tous les deux nous serions sur de beaux chevaux blancs dont les poitrails et les croupes se couvriraient de grandes lunes rouges. Du sang… des flammes, de belles flammes avec des enfants au milieu qui se tordent en appelant leur mère. (Elle sourit, plus doucement moqueuse.) L’amour