Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/105

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c’est la guerre, petit berger ! J’ai rêvé de toi une nuit de printemps toute pareille, Harog. Tu m’enveloppais de la peau du loup féroce que tu as égorgé le jour de Noël, et tout mon corps blanc devenait écarlate. J’ai rêvé de toi…

Harog l’entoura de ses bras, frémissant d’horreur.

— Que je sois maudit, Basine, pour t’avoir fait te souvenir ! L’amour ce n’est pas la guerre et ceux qui égorgent les loups savent respecter les chevrettes folles. Ordonne à ta guise ! Je t’obéirai, mais ne parle pas ainsi. Tu n’es qu’une femme !

Ils se turent, demeurant les yeux dans les yeux.

— Tu reviendras malgré la hauteur des murs ? demanda Basine.

— Toutes les nuits, si tu le veux.

— Et tu nous trouveras des compagnons d’armes ?

— J’ignore ton dessein. Je connais des hommes qui ne sont ni des soldats ni des esclaves… des hommes très courageux pour leur plaisir.

— Il faudrait des chevaux.

— J’en aurai.

À ce moment, comme la bouche du garçon rejoignait celle de la fille — ils se parlaient de si près — la recluse psalmodia du fond de la pierre :

— Délivrez son esprit du lieu de la souffrance.