Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/125

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attachées dans l’amour du Seigneur, à la demeure qu’elles ont choisie de plein gré ; car la foi promise au Christ, à la face du ciel, ne doit point être souillée ; et ce n’est pas un crime léger que de polluer, ce qu’à Dieu ne plaise le temple du Seigneur, en sorte que dans sa colère il puisse le détruire. Et nous arrêtons spécialement que si quelque fille, ainsi qu’il a été dit, appartenant à quelqu’un des lieux confiés par la divine Providence à notre administration sacerdotale a mérité d’entrer dans notre monastère de Poitiers et d’y suivre les règlements tracés par l’évêque d’Arles, Césarius, d’heureuse mémoire, qu’il ne lui soit plus permis, après y être entrée, comme la règle le prescrit, d’en sortir de sa propre volonté, afin que ce qui est un insigne honneur au yeux de tous ne puisse être avili par la honte d’une seule.

À cette phrase du manuscrit, l’abbesse Leubovère jeta un regard de sévérité sur ses nonnes. Elle s’aperçut que les vieilles dormaient debout, selon leur fatale, coutume, et que les jeunes, toutes serrées les unes contre les autres, semblaient échanger de vagues sourires ou de puériles réflexions.

Seules, les deux cousines demeuraient attentives, le front haut et la lèvre méprisante, écoutant comme des femmes qui préparent une réponse. Leubovère, tant pour souffler que pour conserver la sévérité de son maintien vis-à-vis de ces deux religieuses qu’elle n’aimait pas, fit un geste autoritaire.