Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/126

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— À genoux, mes sœurs, à genoux ! Il ne me convient pas que vous ayez l’air de me braver ! Je représente ici notre dame Radegunde. C’est à elle que s’adresse cette lettre des évêques et c’est à vous de trembler pour la suite qu’elle contient. Dieu a voulu m’éclairer sur ce que je devais vous dire, je vous le répéterai donc après les saints évêques Eufronius, Pretextatus, Germanus, Félix, Domitianus, Victorius et Domnulus :

Et si, fasse le ciel que cela ne soit ! quelqu’une d’entre elles, excitée par les suggestions d’un esprit déréglé, voulait souiller d’un tel opprobre sa disciplinera gloire et sa couronne ; que par les insinuations de l’ennemi des hommes, comme Ève rejetée du Paradis, elle sortît des cloîtres du monastère ou plutôt du royaume du ciel pour se plonger et se vautrer dans la vile fange des rues ; qu’elle soit séparée de notre communion et frappée d’un terrible anathème ; en sorte que si, captivée par le diable, elle abandonne le Christ pour épouser un homme, non seulement la fugitive soit punie, mais encore que celui qui s’est uni à elle soit regardé comme un vil adultère et comme un sacrilège plutôt que comme un époux. De même que celui qui, lui donnant un poison, plutôt qu’un conseil, lui suggéra une telle conduite, soit, par le jugement céleste et selon notre désir, frappé d’une vengeance pareille à celle qui a été prononcée contre elle, jusqu’à ce que, après la séparation effectuée, elle mérite, par une pénitence digne de son crime exécrable, d’être de nouveau