Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/145

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lui servirait, le cas échéant, pour fuir les menaces des révoltées, si la révolte s’accentuait, ce qu’elle ne pensait pas possible après l’intervention de l’évêque.

Leubovère descendait un raide escalier tout gluant de mousse humide et poussait un soupir désespéré à chaque marche.

— Que Notre Seigneur Christ me protège ! Je vais me rompre les membres ! murmura-t-elle en s’arrêtant au bord d’un trou noir.

Les marches finissant, il lui fallait sauter une flaque d’eau. Son esclave, beaucoup plus grande qu’elle, la ceintura vigoureusement pour l’aider à traverser le dangereux endroit.

— Comme tu es forte, Soriel, soupira l’abbesse ! Je ne m’étonne plus que tes parents t’aient donné un nom d’homme.

Soriel, dont les yeux tristes lançaient d’étranges éclairs quand elle marchait dans l’ombre, répondit durement :

— Que mes parents soient maudits pour l’éternité.

— Soriel ! Soriel ! Tu seras toujours une mauvaise chrétienne…

— Je suis… ce qu’ils m’ont faite, un être qui a peur du jour.