Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/150

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Soriel d’un ton sourd, tout en imitant sa supérieure qui se remettait à genoux.

Elles restèrent un moment immobiles, la vieille femme écroulée sur le sol et l’esclave les paupières baissées devant le jeune peuple qui souriait, infiniment paisible. Il y avait une petite Vénus de marbre rose, perchée sur un unique pied comme un oiseau prêt à reprendre son vol, un petit Bacchus de marbre jaune veiné d’azur, le ventre joufflu, les joues ventrues, toute sa petite nudité fraîche montrant des fossettes bleuies par le froid de l’eau, mais criant l’ivresse turbulente et folle de la liberté. Il y avait, également ivres, toute une famille de petits faunes et de petits satyres dont plusieurs, sans tête, formaient un amas de menus membres gracieux culbutés là comme une corbeille de fruits bizarres. Un Mercure décapité courait avec des ailes aux chevilles, une nymphe brisée à mi-corps sortait de la terre, comme essayant de se dégager de sa tombe. Ils étaient presque tous lumineux et gais, frottés d’une essence surnaturelle, émergeant de leur bain plus nus, vernis d’une huile magique, petits athlètes prêts à de nouveaux combats.

De la meurtrière de leur cachot filtrait une lueur éclairant la coulée tortueuse de ce lierre tenace qui arrivait de la vie extérieure pour leur apporter