Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/155

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— Je vous écoute, ma sœur, dit Marovée, s’appuyant du coude contre une pile de manuscrits.

— Mon père, ma maison est menacée d’un grand scandale !

Et sans s’arrêter à la question de la révolte, la plus menaçante de toutes, Leubovère entama le récit des idoles précipitées aux abîmes et remontées seules par l’évidente intervention d’un miracle.

Assis dans les vastes plis de sa tunique, Marovée avait l’air d’un homme résigné, à la fois blanc de cœur et de gestes, un homme de paix évangélique.

Il gardait son sourire bienveillant.

— Vous dites que ces objets profanes ont bien été jetés dans ce puits, ma sœur, donc, il faut vous croire, mais il s’agit d’une espèce de grotte souterraine, je crois, un caveau d’après votre description. Quelques-unes de vos filles — il en est de hardies — n’auraient-elles pas découvert le passage des remparts et n’auraient-elles pas pu descendre là par pure curiosité ?… Je ne veux pas faire de jugement téméraire, pourtant, Basine qui cet hiver vous réclamait un bord de robe… ou Chrodielde…

L’abbesse eut une exclamation d’étonnement.

— Ah ! mon père, que votre bénédiction soit sur moi ! Vous éclairez toute cette affaire vraiment satanique. C’est là que mes filles ont été puiser leurs