Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/154

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aux épaules lui descendait des bras jusqu’à terre en de vastes manches balayeuses.

— Ma sœur, dit-il d’un ton bienveillant, j’ai grand plaisir à vous recevoir. Que Dieu bénisse vos récoltes et vous donne la paix. Remettez vos esprits, je vous sens troublée par quelque fâcheux événement. Asseyez-vous d’abord, vous parlerez ensuite tout à votre aise…

Ils se trouvaient dans la chambre principale de l’évêché, une vaste salle encadrée de portiques de bois derrière lesquels s’allongeaient les cloîtres de Saint-Hilaire. Des rideaux de peaux, de place en place duvetés de fourrures, posés à cheval sur les poutres, laissaient un espace vide près du sol où l’on voyait souvent passer les pieds nus d’un moine. Au centre une table où s’entassaient des parchemins et un siège de chêne tordu indiquaient les récentes occupations de Marovée. Au-dessus de la table une lampe à trois becs se balançait insensiblement, suspendue par des chaînettes de fer. Un pan de ciel bleu, encadré dans une des voussures de bois, leur envoyait une vive clarté, et quand Marovée eut fait asseoir l’abbesse près de son propre siège, des ramiers s’abattirent familièrement sur une des poutres, amenant avec eux toute la lumière du printemps.