Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/178

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— Ils ont mangé. Mes bras ont besoin de demeurer libres.

Ce disant, Harog sortit de la grotte afin d’étudier le ciel, la terre et le vent. Dans une coupe bleue nageait, très haut, la croix du monastère, vision lointaine. Un frisson agitait les arbres. Des oiseaux chantaient. Le soleil ne franchissait pas encore le seuil du bois prolongé en puits de nuit devant le berger, mais on sentait poindre le jour dans les sombres voûtes ; c’était çà et là comme des fissures d’où la lumière suintait en gouttes d’or.

Harog mouilla la paume de sa main droite et la leva en l’air. Ensuite il cueillit un brin d’herbe qu’il lança par-dessus son épaule.

— Nous pouvons partir ! déclara-t-il, se répondant à lui-même.

Méréra se rangea sur sa gauche pendant que les six chiens suivaient en file. Ragnacaire assujettissait les deux sacs sur son dos.

— Je prends les sacs pour épargner tes bras, dit-il résolument. Celui qui dirige doit demeurer le plus libre.

Harog vérifia la solidité du manche de son couteau sans le remercier d’un regard. Il paraissait plus grave maintenant que le sort en était jeté. Peut-être acceptait-il un poids plus lourd que celui