Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/177

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croisa les lanières qui, échauffées par la marche, communiqueraient leur souplesse à la chair sans la meurtrir. Harog se ceignit les reins d’une ceinture faite d’une peau de serpent retournée. Ragna enroula autour de sa haute taille de Gaulois roux des cordes d’écorces tressées, une écharpe de laine teinte, des bandes de toile, leurs plis compliqués dissimulant une petite hache et des fers de lance. Il prit le soin de se peigner, c’est-à-dire qu’il renvoya sur ses deux tempes sa chevelure couleur de rouille, séparée en deux tronçons de glaives qu’il tordit pour les fixer le long de ses joues. Sa moustache dorée, coulant de sa bouche jusqu’à sa poitrine, lui donnait l’aspect d’un monstre farouche prêt aux pires combats. Cependant, ses bons yeux naïfs rayonnaient de gaieté. Toute l’aurore marcherait avec lui pour de nobles luttes. Il exciterait ses chiens et défendrait son ami. Le secret de l’affaire se révélerait plus tard. D’ailleurs, si Harog savait, cela suffisait bien. On parlait depuis longtemps de cette chasse. Il fallait se décider et il était heureux de quitter les porcs du monastère de Radegunde pour un harnais de guerre.

— Nous emporterons deux sacs, fit Harog soucieux. Ce serait trop de trois.

Et les chiens ?