Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/181

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levant, près de la route de Tours, qu’il nous faudra traverser.

— Ce sera l’heure de boire.

— Nous boirons, Ragna. Il y a une source derrière la table du dieu.

Ils cheminèrent encore, d’un pas plus allègre, les yeux au ciel, qui ne cessait pas d’être pur.

— Un jour de fête ! affirma Ragna, faisant sauter ses sacs de provisions d’un coup d’épaule.

— Le jour ne se Termine qu’à la nuit. Le dieu sera peut-être contre nous ce soir, Ragna.

— Je ne crains ni la nuit ni les dieux ! fit Ragna orgueilleusement, parce qu’il était en plein soleil.

Brusquement, la Grande Pierre se dressa au-dessus des arbres. Elle parut quelqu’un qui se lève et va sinistrement au devant des voyageurs. Les arbres se firent plus petits, plus jeunes, se tassèrent comme des enfants autour d’une aïeule. La Grande Pierre se recoucha parmi eux, disparut, reparut, montant et descendant avec les vallonnements. Les deux hommes s’arrêtèrent au bout du sentier comme pétrifiés à leur tour, nains respectueux en face de la géante. Ils étaient au pied du dolmen.

La clairière où se trouvait la table du dieu se veloutait d’une herbe fine et drue, si douce aux sandales qu’on glissait malgré soi. Harog connais-