Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/183

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— Elles ont peur ! Elles saluent la Pierre du dieu, répondit Harog, souriant d’un méchant sourire.

Les chiens se couchèrent, le museau entre leurs pattes, attendirent que le pain sortît du sac. Dès qu’ils avaient avoué leur terreur, ils pensaient à autre chose.

Méréra suivait Harog. Il s’installa sous la table immense, le dos au roc du milieu. Là on était bien, dans la mollesse de l’herbe, à l’ombre sous une voûte épaisse qui défiait la foudre.

Ragna déballait ses provisions tout en chantant un refrain de combat. Mais son accent tremblait.

Frappons fort ! Frappons longtemps !
Que nos lances connaissent le goût du sang,
Et que rougisse la face du soleil !

— Ragna, cria le berger, tu es plus lâche que nos chiens !

Il éclata d’un rire mauvais qui fit sonner les échos de la Pierre. Ragna, courbé sur un sac, se redressa fulgurant, ses cheveux tordus en arrière comme les oreilles d’un puissant chien roux.

— Tu as dit ?

— J’ai dit !

Ragnacaire tenait un couteau. Il s’avança sur le pilier du milieu. On aurait cru, en voyant sa face