Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Pour la vie et pour la mort ! gronda-t-il.

Méréra, gravement, comme accomplissant un rite, flairait la Grande Pierre du côté de la route. Avec insolence elle s’accroupit. Successivement, tous les chiens flairèrent et passèrent, la patte haute.

Ragna s’esclaffa, se frappant les cuisses de son poing libre.

— A og ! A us ! Gombaud ! Gerbaud ! Ah ! Les sept chiens d’enfer !

Harog reprit, souriant d’un sourire étrange :

— L’homme fort doit se guérir de tous les respects, Ragna ! Notre mère la terre nous enseigne que le fumier fait pousser le blé. Nous ne pesons pas plus que des chiens sur elle et elle ne nous en veut pas d’être des hommes. Nous accomplirons de grandes choses bientôt, Ragna. Il ne faudra ni t’étonner ni te plaindre. Souviens-toi ; les évêques, les abbesses et nos rois passeront, la pierre ne passera pas, malgré les chiens méprisants. Attachons-nous à la puissance de ce qui sort des entrailles de la vérité. Je vais faire ici une écurie pour mes chevaux. C’est ici que nous les ramènerons soumis aux lois nouvelles.

Le jeune Gaulois contemplait Harog, à la fois curieux et effrayé de ses paroles.

— La sainte Croix, bégaya-t-il.