Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/20

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odeurs d’écurie, senteurs de fauves, parfums d’aromates. Tout à coup elle hurla d’une manière tellement lamentable que le camp entier dut en retentir et aussi cette vaste maison close, leur faisant face, sournoisement menaçante. Harog s’étendit à son tour sur la paille.

— Ici, l’air n’est pas bon ! fit-il, comme rêvant tout haut.

Fatigué, énervé à l’idée de quitter ses chiens qu’il aimait, il s’endormit* poursuivant les aventures de la nuit dans un cauchemar.

Par la porte mal jointe, il entrait d’abord de l’eau, une averse glacée qui les noyait au fond de leur étable, ensuite une grande lumière, une inondation de clartés chaudes versée du haut des torches fulgurantes rougissant tous les visages autour d’eux. Il y avait des soldats jouant à boire sur des billots de chêne. Ils remplissaient des pots de terre ou de fer au jet d’une longue corne et les boissons moussaient comme l’écume de la rivière en furie. Un grand soldat barbu chevauchant un billot frappait, en riant, sur ses cuisses, couturées de cicatrices, un soldat dont les jambes se recouvraient de lanières plusieurs fois croisées, ce qui prolongeait ces cicatrices en ornements, et, derrière lui, de plus jeunes hommes d’armes, coiffés de che-