Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je leur promets des viandes, du vin et le secret des herbes purificatrices. Ceux qui seront avec moi cette nuit verront de grandes choses…

Il se tut. Méréra eut un discret grognement de plaisir. Ragnacaire fit tournoyer sa hache d’un geste glorieux.

— A…og ! gronda-t-il, dressant sa haute stature de guerrier gaulois aux cheveux roux séparés en deux torrents d’or tressés, je suis votre frère, mais par nos sept chiens damnés, celui qui n’aimerait pas mon frère Harog, je lui fendrais le crâne…

Joignant à sa parole tonnante un éclair de sa hache, il fendit largement le tronc d’un jeune sapin. L’arbre gémit, et, s’inclinant en un salut respectueux, comme agité d’un frisson de vie expirante, il s’évanouit parmi les autres dans un violent fracas de branches froissées.

Une stupeur glaçait les assistants. L’aveugle agita les bras un instant comme l’arbre avait secoué ses branches, et un esclave, en souvenir de ses tortures, se protégea le front de ses mains.

— Tu es fort. Pourquoi n’es-tu pas le chef ? dit alors une voix rogue.

Celui qui parlait sortait de l’ombre, tout jaune, tel qu’une statue de soufre.

— Comment te nomme-t-on ?