Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/205

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— Nous sommes des innocents et nous avons faim de ne plus souffrir ! Nous avons prié et nous sommes toujours misérables !… Quand cela finira-t-il pour nous, pauvres malades ? Dites-nous où nous trouverons les tonnes qu’on nous a promises si nous prenions soin de vos chevaux ? Nous n’avons bu que l’eau des sources ? Le vin nous guérirait !

Harog les calma d’un geste.

— Je vais vous conduire au festin, dit-il, la voix vibrante. Ragna et moi nous avons tout préparé en un lieu où les chrétiens ne s’aventurent point la nuit, surtout les nuits de pleine lune, mais j’exige de vous un serment.

Curieusement, le cercle se resserra, des têtes se penchèrent. Boson-le-Boucher, Brodulphe-l’Adultère, l’Aveugle-né contenaient chacun leur groupe, les bras étendus comme pour défendre Harog d’un trop vif contact.

— Il faut jurer par la Pierre que vous me serez fidèles et de bonne attaque le jour où je voudrais forcer le monastère de Radegunde, déclara le berger-sorcier, faisant tout à coup briller ses yeux sombres dans la nuit des sapins.

Il y eut un moment de silence terrifié.

— Tu es un enfant du dimanche, un fils de la