Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il connaît la vertu des plantes ! ajoutaient les porteurs d’ulcères.

Comme la lune pleine sortait de l’horizon des bois, large rose d’or fleurissant pour le fol espoir des malheureux, ils entrèrent dans la clairière de la Pierre pleurante. Un vent frais les caressa, et l’ombre du Dieu leur fit accueil. Ragna frappa son bouclier d’airain d’un coup de hache, un son éclatant retentit, se prolongeant sous les halliers, y appelant des créatures mystérieuses.

Les hommes se serraient près d’Harog, les yeux brillants de fièvre.

Ils avaient peur et n’osaient plus fuir.

— Il ne vous sera point fait de mal, assura le berger-sorcier, qui remit son couteau dans sa poitrine, les sentant asservis par la majesté du lieu.

Les chevaux erraient autour de ces gens ignorants, les nobles chevaux du prince neustrien et redevenus craintifs parce qu’ils leur fallait chercher leur pâture, ils s’ébrouaient moins furieusement, tremblaient devant Harog qui leur cueillait des foins capables d’engourdir leurs allures conquérantes. (Bêtes et gens obéissaient au berger sans recevoir d’autre salaire qu’une brindille parfumée, une fleurette au goût musqué.) Çà et là on entrevoyait l’éploiement d’une crinière, soie flot-