Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/231

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seuls en inspirant la frayeur aux plus vaillants caractères, pensait-il.

Ce ne fut qu’au crépuscule que Ragnacaire rejoignit leur troupe près de la caverne des sapins, l’endroit le plus caché de la forêt. Les mendiants dormaient. Les brigands jouaient aux dés.

Harog, impatient, se précipita vers lui avec des yeux de fièvre.

— Tu l’as vue ? demanda-t-il, la voix basse et ardente.

Ragna laissa tomber sa framée d’un geste désolé.

— Je n’ai vu qu’une vieille avare pleurant ses trésors perdus et des tombes ! Mais le démon rôde là-dedans sous la forme d’une femme dont les bras sont ceux d’un puissant guerrier. Je crois la forteresse imprenable.

— Et elle, Basine, la princesse que nous voulons servir ?

Alors, Ragna raconta mélancoliquement ce que l’abbesse Leubovère lui avait dit au sujet de la révolte des nonnes. Il rappela leur songe bizarre sur la Grande Pierre, le soir du rapt des chevaux neustriens.

— Ainsi, murmura Harog bouleversé, c’était bien elle, Basine, qui marchait en tête de leur procession blanche. Nous n’avions pas rêvé, Ragna,