Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/230

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nant les péchés de celles qui sont revenues aux vanités du monde. Il faudrait emmurer toutes les femmes pour en obtenir fidélité… Toi, Ragnacaire, va-t’en ! Ta présence ici est une honte. Un porcher n’a pas besoin d’un harnais de guerre… pour trahir. À tes porcs, Ragna !

Cela fut dit d’un ton tellement dédaigneux que Ragna brandit sa framée, oubliant toute prudence. Mais d’un vigoureux revers de bras Soriel le repoussa.

— À tes porcs, Ragnacaire, passe notre seuil, entends-tu, pour la dernière fois ! Tu viens de la part de Satan. Et je sais, à présent, qui a volé nos bêtes les plus grasses.

Ragna, paralysé par la surprise de constater tant de virilité chez une femme, se laissa mener jusqu’au seuil. Là, d’un simple effort, Soriel lui claqua la porte sur les reins.

— A-og ! A-us ! fit Ragna, tout étourdi. Je sors de l’enfer ! Quel est ce saint asile où les morts vous menacent et où les femelles ont la poigne d’un mâle ? Je suis moulu.

Très honteux de sa défaite, Ragna dégringola le raide sentier des roches en dissimulant sa framée derrière son dos.

Il existe des lieux maudits qui se défendent tout