Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toute semblable à une bande de loups. D’abord habitués aux exercices faciles, aux victuailles abondantes, aux festins nocturnes quand la chaleur humide se développait partout comme une langueur de fièvre, ils se rongèrent de dépit au fond des cavernes durant les nouvelles pluies de l’automne.

— Pourquoi, disaient-ils, nous tient-on en haleine sur ce couvent de nonnes et cette basilique de Saint-Hilaire ? Les riches sont aussi pauvres que nous maintenant et si nous voulions piller à la Sainte-Croix nous ne trouverions plus aucun trésor. L’abbesse, tout avare qu’elle puisse être, a dû manger son grain ! Et le bruit court que ses jeunes ouailles affamées se sont enfuies du bercail pour chercher ailleurs leur provende. Alors, rejetons-nous sur les marchands qui traversent la forêt. Il faut vivre ou nous serons saisis par les gens d’armes du seigneur de Poitiers et les soldats du camp de Chilpéric.

L’Aveuglé-né, chef des mendiants, parla au nom de ses malades.

Boson-le-Boucher, l’homme jaune, déclara que des esclaves avaient l’envie de retourner chez leur maître, aux risques des pires tortures.

Brodulphe-l’Adultère ne suffisait plus à la garde