Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/236

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chait maintenant à la belle étoile, redoutant les entreprises de ses gens surexcités. Qu’as-tu donc, Méréra, prends-tu la peur du dieu à ton tour ?

Ragna soupirait profondément, mais ne se réveillait point.

La chienne, d’une brusque détente de ses quatre pattes blanches, se mit debout, culbutant presque son maître. Quelqu’un venait. Elle flairait un danger certain, car on ne la leurrait point de vaines paroles. Le tonnerre et tous les dieux du monde ne sauraient l’effrayer plus qu’un passant de chair humaine. Quelqu’un passait, entrait dans la zone sacrée de la Grande Pierre, et ce n’était ni un mendiant ni un voleur.

Ragna se réveilla maugréant, se retourna du dos sur le ventre, tandis que son compagnon, saisissant sa chienne par son collier de cuir :

— Tais-toi, Eréra ! Je suis averti. Ne te lance pas contre l’assassin, car il t’en cuirait.

Harog lirait son couteau, ses yeux luisants de vaillance. Mieux valait disputer chèrement sa vie puisqu’il espérait toujours la revoir… Esclave de cette Basine traîtresse, il ne se déliait point de son serment parce qu’elle était parjure.

Devant lui, par le sentier menant à la ville, apparaissait une ombre grise ; elle se mouvait dans