Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/235

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encore un jour de réflexion en la solennelle présence de la Grande Pierre.

— Nous nous ferons massacrer quelque soir d’orage, répétait Ragna, dont l’âme semblait torturée par toutes les superstitions de la peur.

Harog se roula dans son manteau, appuya sa tête lourde sur les flancs de sa chienne et ne répondit rien. Il se sentait accablé par les dieux gaulois qu’il avait eu l’audace de braver, lui le chétif enfant de la nuit impure.

Mais la Grande Pierre lui envoya, de nouveau, un songe extraordinaire, qu’il fut bien forcé, une fois encore, de reconnaître pour la très convaincante réalité.

Il dormait enveloppé de peaux de mouton qui ne le garantissaient point de l’humidité des mousses. Des gouttes de pluie chues des branches mouillaient son front déjà moite de sueur. Il reposait confiant en la vaillance de sa chienne, car Ragna, écroulé près de lui, sans armes, n’était plus qu’une loque rousse, toute tordue par les coliques de l’effroi, lorsqu’il entendit gronder, au loin, le tonnerre et aussitôt le grondement de sa chienne lui répondit.

— Voici qu’il tonne de nouveau ! Qu’allons-nous devenir ? pensa le chef des vagabonds qui se cou-