Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/239

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— C’est la recluse qui demande vengeance ! La recluse qu’elles auront laissée mourir de faim.

Harog leva sa torche crépitante. Il se fit une âcre fumée, puis la flamme rougit enfin l’espace.

— La recluse ?… Quelle recluse ? dit enfin Harog, se sentant étreint d’un malaise indéfinissable.

— L’emmurée.

Comment l’emmurée se trouvait-elle hors des murs ?…

Harog, retenant Méréra, s’avança sur les mousses avec précaution, se pencha, les dents claquantes. Il y avait là, ramené en un paquet d’os, le squelette d’une femme à genoux dans un vêtement couleur de cendres. C’était, en effet, celui de la recluse du monastère de Radegunde, mais chose plus épouvantable que la possible existence de son fantôme… elle n’était pas morte !…

Les deux compagnons n’eurent pas le courage de la relever. Ce fut la chienne qui leur apprit la charité envers les squelettes errants. Méréra, cessant ses cris lugubres, se mit à lécher les membres décharnés de cette malheureuse. Alors, la recluse remua la tête, ses yeux encavés au fond d’orbites énormes brasillèrent, tels deux charbons ardents, aux lueurs de la torche.

— Le Seigneur m’envoie vers vous les mains