Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/246

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les chemins déserts de la forêt, les perfides sentiers de traverse ? Était-ce Basine ou Chrodielde ? Ou une simple nonne servante ? Il avait détaché son couteau de son flanc pour ne pas conserver un aspect de bandit. Sa tunique d’agneau la plus blanche lui couvrait le corps ; il portait des jambières de cuir neuf et ses sandales écarlates révélaient ses intentions de noblesse. Ses longs cheveux noirs coupés en frange sur le front le faisaient paraître toujours pâle, malgré les morsures du soleil, mais le brun duvet de louveteau était remplacé sur ses lèvres par une plus mâle moustache, le sacrant chef de bande.

Son impatience était si violente qu’il fut tout droit à son ancienne caverne, aux risques d’y découvrir de véritables hommes d’armes envoyés par Maccon pour fouiller les bois. Méréra flairait… humait…

Là, il ne trouva rien. Cette grotte, peu profonde, demeurait garnie d’un lit de fougères que les pluies avaient respecté. On ne voyait point traces de foulées humaines sur le sable pur ni dans les sentes avoisinantes. Les ramures dépouillées par le vent du Nord s’éclaircissaient à l’endroit où dominait la croix lointaine du monastère, haute et fièrement dressée comme une éternelle menace… ou le par-