Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/247

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don visible de Dieu. Harassé de cette chasse inutile, Harog songea mélancoliquement aux soirs calmes durant lesquels lui, berger-chasseur innocent, il rêvait de la fille, nue sous un suaire, qu’il avait ramenée aux pas lents de ses bœufs. Aujourd’hui, Basine était encore proscrite, elle errait cher chant des viguiers pour plaider sa cause de reine déchue au lieu d’en appeler à l’amour d’un fidèle, mais trop obscur serviteur.

— Brodulphe-l’Adultère aurait-il raison de se défier des femmes nobles qui se servent de nous… puis nous méprisent !

Il s’assit, fatigué, sur un tronc d’arbre renversé par les derniers orages de l’automne, et Méréra continua la chasse.

Soudain, la bête jappa d’un jappement où on ne percevait nulle crainte, joyeux comme le cri de l’enfant qui s’étonne.

Harog se dit, le cœur bondissant :

— C’est elle ! La chienne flaire qui l’a nourrie ! Et il se leva.

L’entrevue ne ressemblait point à cette audience de reine que Basine avait donnée une nuit au petit berger sacrilège. La jeune femme, épuisée, épeurée, haletante, se tenait blottie dans un fossé prête à fuir devant la chienne qui jappait toujours