Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/266

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brune d’une femme qu’on ne voyait pas, son bras blanc cachant sa face.

Effrayé du spectacle pour celle qui le lui montrait, Harog balbutia, tout frémissant d’indignation :

— Si Ragnacaire a violenté ta cousine, je le jugerai et le ferai pendre aux branches du chêne qui leur sert d’abri.

Basine l’entraîna silencieusement plus loin, elle haussait les épaules.

— Garde ta colère pour la bataille, Harog. On n’a pas violenté ma cousine et ce n’est pas le premier homme qui partage son sommeil… Où sont tes chevaux ?

Elle parlait d’un ton de cruelle insouciance, oubliant déjà cette honte. Passivement, Harog alla dénouer la longe d’un cheval de poils clairs, un alezan doré à crinière de feu, dont les moirures avaient les rutilants reflets des boucles de Basine.

— C’est l’un des meilleurs coursiers de ton père. Le plus docile. Je te le ferai harnacher dans son ancien harnais de guerre où tintaient des boules de métal.

Basine examinait la bête, la flattant, heureuse et impatiente de l’essayer.

— Écoute, dit-elle, subitement très douce, va me