Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/265

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— Que feras-tu de ma tunique d’agneau ? Iras-tu les genoux au vent ? Tu aurais l’air d’un garçon.

Les yeux verts de Basine eurent un éclair.

— Je veux ce qui me plaît ! Il me faut aussi un cheval, car je ne monterai pas en croupe derrière l’un de tes pillards et n’ai pas besoin d’autre harnais que mes deux genoux pour me conduire.

Harog stupéfait lissait les oreilles de sa chienne d’un geste gauche.

— Tu es la maîtresse, Basine ! Ordonne et j’obéirai ; seulement nous allons galoper à toutes brides, recevoir des coups… ne crains-tu pas…

— Je ne crains rien… sinon que ton ami Ragnacaire ne se réveille trop tard pour l’honneur de Chrodielde, fit-elle à voix plus basse en se rapprochant de lui.

Cette fois le berger chaste eut un tressaillement :

— Que signifie tes paroles, Basine ? Ragna était ivre… hier soir, c’est vrai, mais il n’a pas manqué de respect à ta cousine… ce n’est pas possible !

— Tueur de loups, tu es un sot, ricana Basine. Et, lui saisissant le poignet, elle le mena sous un grand chêne où se trouvait la tente de Chrodielde.

Ragna dormait vautré en travers d’un vêtement écarlate, ses armes éparses autour de lui. Ses longues mèches rousses s’entortillaient à la chevelure