Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/268

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cheveux et de moustache, l’air taciturne, l’autre, le cadet, imberbe, fluet, blond, évoquant l’image que la religion nous peint de l’ange exterminateur. Derrière eux s’alignaient Ragna portant un manteau d’écarlate en croupe ; l’Aveugle-né, dont le dos pliait sous le poids de la grosse Visigarde ; Brodulphe-l’Adultère qui rageait de se sentir étroitement lié par les bras de la jeune Isia, et Boson-le-Boucher supportant Marconèfe.

Par front de quatre suivait le reste de la petite armée, des mendiants, des religieuses, des criminels ou des pèlerins. Tous farouchement décidés à combattre jusqu’à la mort, fanatisés par les yeux brûlants d’Harog, dévoués aux rebelles sans trop savoir pourquoi. Cette troupe semblait un pèlerinage allant honorer des lieux saints et y amenant de pauvres femmes infirmes ayant bien besoin d’un miracle. Quelques-unes pleuraient, se lamentant en toute sincérité. À la queue du cortège marchait, oreilles basses, Méréra, dont une tête d’orfraie chassieuse tachait l’échine blanche. La recluse lui pesait peu, Méréra étant aussi forte qu’un homme, seulement ce paquet de pourriture incommodait la favorite d’Harog de son atroce odeur. Quant aux six autres chiens d’enfer, plus libres, ne portant que des gourdes au col, ils couraient sur les flancs