Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/269

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de l’armée prêts à vendre chèrement leur vie.

L’aîné des deux frères apercevant la porte de la cité de Poitiers dit ceci :

— Nous allons passer pour des gens d’église ou être faits prisonniers tout de suite, sans coup férir.

Le cadet répondit, dressant orgueilleusement la tête :

— Ce serait dommage, berger-sorcier, car nos lances sont finement aiguisées. Aurais-tu le souci du trépas ?

Harog répondit :

— Je n’ai crainte que pour celle que j’aime.

— N’a-t’elle point bonne tournure en garçon courageux et penses-tu rougir de ton cadet ?

Ils se sourirent tous les deux, trouvant pour la première fois une idée de douceur à la réalisation de leur union dans la mort.

Devant la porte, prêt à la toucher du doigt, Harog emboucha sa trompe de chasse et sonna au veilleur. Il était plein jour, mais les remparts demeuraient clos. La ceinture de la ville ne se dénouerait pas facilement si les veilleurs avaient reçu des ordres du comte Maccon.

Le soleil commençait à briller sur le haut des murailles, faisant étinceler du givre. Ce serait une belle journée d’hiver sèche aux pieds des chevaux