Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/271

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Harog eut un geste d’effroi. Le veilleur passait maintenant un arc dans une meurtrière.

— Basine, implora-t-il à voix contenue. Tu vas te faire tuer ou désarçonner.

Le reste de la troupe, enthousiasmé par la cynique plaisanterie de la fille de Chilpéric, éclata de rire. Seul Ragna ne riait pas, sentant Chrodielde frémir de colère. La robe écarlate l’humiliait ; elle aussi aurait voulu, maintenant, monter un cheval de chef, mais elle ne connaissait pas ce genre d’exercice, ayant vécu en nonne depuis sa naissance.

Le noir coursier d’Harog, la croupe gênée par les ruées de l’alezan de Basine, fit un écart, essayant de démonter son cavalier, mais celui-ci prit la rêne de son voisin, remettant les deux chevaux à la raison d’une seule poigne.

— Excusez mon jeune frère, dit-il, dissimulant un sourire. Il est novice d’un couvent de moines et sans l’expérience du respect qu’on doit aux hommes d’armes.

Le veilleur semblait parler à des gardiens de l’intérieur du rempart. On se concertait. Donc on n’avait pas d’ordre.

— C’est trop de façon, dit encore Harog haussant la voix, pour accueillir des pèlerins. Nous sommes pressés.